
13 mars 2024
La mort en face ?

"Monsieur le Président, je vous publie un post que vous lirez peut-être, si vous avez le temps. Je viens de recevoir votre article d'avant-hier, pour partir à la mort, avant le dernier soir. Monsieur le Président, je ne veux pas le faire, je ne suis pas sur Terre pour tuer de pauvres gens..." (d'après Boris Vian, Le déserteur).
La Nation "garantit à tous, notamment à l’enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé" (préambule de la Constitution de 1946). Mais, donner la mort n'est pas un soin. Alors, la devise nationale se marie-t-elle vraiment avec la fin de vie ?
Liberté : quelle liberté...
- dans le consentement "libre et éclairé" d'un vieux en Ehpad, d'un handicapé mental, d'un précaire qui ne joint plus les deux bouts, d'un nourrisson handicapé ?
- de conscience pour les soignants qui ne voudraient pas provoquer la mort ?
- financièrement, quand les mutuelles elles-mêmes ont déjà choisi ?
Egalité : quelle égalité...
- dans l'accès aux soins de fin de vie, 25 ans après la loi de 1999 "visant à garantir l'accès aux soins palliatifs", quand plus de 400 français meurent chaque jour sans accéder aux soins palliatifs ?
- quand les français ignorent les soins palliatifs, la sédation profonde et continue et la loi de 2016 ?
- quand des vies sont considérées comme "indignes" et que l'euthanasie tuera les soins palliatifs ?
Fraternité : quelle solidarité...
- avec les vulnérables face aux pressions, lassitudes et abandons ?
- avec les souffrants non pris en charge face aux peurs (de la mort ou de la souffrance) nourries par des bien-portants, peurs qui s'estompent par les soins adaptés de professionnels dévoués ?
- avec une santé en crise (manque de soignants, manque de moyens, non valorisation des professions et "vocations" de santé) ?
"Voir la mort en face" sans la nommer jamais ? Sans qualifier d'euthanasie, suicide assisté ou assistance au suicide des actes passibles de poursuites pénales en temps "normal", actes qui méritent, précisément, d'être qualifiés pour être déterminés ?
Evoquer des cadres restrictifs qu'aucun autre pays dans le monde, franchissant le Rubicon de l'Interdit de tuer (Belgique, Pays-Bas, Canada...), n'est parvenu à maintenir, cadres aujourd'hui ouverts :
- aux mineurs sans limite d'âge (comme l'envisageait initialement la Convention citoyenne...)
- aux personnes dépressives ou autistes
- aux personnes en précarité financière
et demain :
- aux vieux actant une "vie accomplie" après 75 ans (projet aux Pays-Bas)
Ne fermons pas les yeux, ne fermons pas leurs yeux. Ne franchissons pas le Rubicon mais...
Construisons un Modèle français de Liberté-Egalité-Fraternité !



